Mot de Claire

 

AU PLAISIR DE LIRE, REGARDER, ECOUTER, RESSENTIR

 

 

I) Du plaisir personnel au plaisir professionnel.

 

Ah oui ! J’aime les histoires, les images, les photos, les tableaux... et ces tout-petits qui me fascinent par leur spontanéité, leur curiosité, leur façon de s’éveiller à la vie. Et ce depuis....

Je ne suis pas devenue bibliothécaire, libraire, photographe, artiste mais éducatrice de jeunes enfants.

 

Je peux ainsi marier ce bonheur d’accompagner les petits dans leur épanouissement, de favoriser leur éveil, et mon attirance pour tout ce qui est texte et image, en étant tour à tour lectrice, auditrice, admiratrice...Car j’ai toujours pensé que l’une des façons d’aider les enfants à grandir passe par les histoires lues, regardées et racontées, l’invitation à regarder ce qui se passe autour d’eux sur l’instant et sur les murs, l’invitation à écouter un son comme une chanson ou une voix : en effet les tout-petits ont un sens aigu de l’observation, une grande curiosité à satisfaire, un plaisir évident de découvrir et de communiquer. C’est pourquoi cet éveil par le texte - écrit et chanté - et surtout les images s’accompagne d’un éveil par la parole, une parole réciproque et rassurante. L’attitude du lecteur joue également un rôle très important dans cette relation entre l’enfant et le livre et l’image. Un enfant a besoin de l’autre pour grandir. Rencontrer l’autre à travers le livre et des images ; rencontrer le livre et les images grâce à l’autre, quelle belle aventure à vivre avec les petits.

 

Toujours en recherche de parutions nouvelles et anciennes, j’ai pu enfin aborder l’autre volet de ma passion spontanée : celui de la formation.

 

II) Du plaisir de se former et de découvrir l’enjeu de ce plaisir spontané.

 

La littérature enfantine étudiée pendant mes études d’E.J.E. m’a apporté une formation didactique de base mais « ouverte » qui m’a beaucoup servie sur le plan personnel et professionnel.

 

Depuis 4ans, je suis une formation plus spécifique grâce à des séminaires et des colloques. Je rencontre, j’écoute, je découvre ainsi des professionnels du livre, de la petite enfance aussi passionnés ou intéressés que moi par ce sujet ; nous échangeons et écoutons des points de vue, des informations...et enfin de compte je comprends pourquoi, spontanément, je donne une place prépondérante au texte et à l’image dès le plus jeune âge quelque soit le mode de transmission qui peut être livresque, pictural ou chanté.

 

Les livres et les albums nous offrent une rencontre entre inventé-fiction et vérité-réalité-savoir ; notre culture et celle des autres qui transparaissent dans ce que l’on voit et lit ; avec le langage et notre langue. Ces rencontres nous sont indispensables pour répondre à notre besoin d’imagination, permettre à notre imaginaire de se développer, donner sens à nos émotions, à notre propre histoire et à nos savoirs ; elles participent à l’acquisition de ce langage qui nous permet de comprendre les autres, de nous comprendre, de nous faire comprendre, de créer, d’imiter, d’exprimer notre pensée et nos émotions. Elles nous donnent le plaisir gratuit de vivre une histoire sans nous mettre en danger grâce à la distance qui existe entre cette histoire et notre vie réelle. Et si en plus elle peut se vivre bien au chaud dans les bras d’une personne réconfortante, ou tout contre elle, dans une ambiance rassurante, chaleureuse et gaie, quel bonheur offrirons-nous aux petits !

 

III) Voici 3 des témoignages qui m’ont confortée dans mon intime conviction et qui lui ont donné sens.

 

Lorsque l’on écoute Luce DUPRAZ, on s‘aperçoit que cette rencontre avec l’écrit et les images permet de créer une « table commune » autour de laquelle plusieurs générations peuvent se retrouver, de transmettre le meilleur de l’humanité aux plus jeunes, un sentiment d’appartenance à une communauté et une culture de l’amitié dans l’accueil de la culture de l’autre. Certains contes, certaines collections, quelques livres, par exemple, sont lus par plusieurs générations successives et constituent ainsi un patrimoine commun. Pour L. DUPRAZ, l’accès à cette langue commune a une dimension objective et sociale car les adultes et les enfants se soumettent aux mêmes règles de langage. Aussi donne-t-elle beaucoup d’importance à une relation précoce au livre dans son travail auprès des jeunes en difficulté.

 

Pour Patrick BEN SOUSSAN, la rencontre avec le livre serait une rencontre avec le monde, et même l’univers ; le livre est une mise en page du monde variée, changeante, dans un espace réduit. La rencontre entre les traits du texte et les couleurs des dessins présente un monde plein de couleurs. Tout mode de représentation est langage. Le bébé est déjà capable de discerner les contours et les contrastes, d’acquérir des représentations visuelles. Il peut montrer son intérêt pour une image, un texte, des couleurs. Il a des capacités de mise en sens, de questionnement sur le lien entre les images. Il rencontre d’autant mieux le livre que le support qui entoure le livre : -la relation avec le lecteur, le son de la voix, l’environnement-...l’y invite et lui convient.

 

Christian BRUEL, lui, insiste beaucoup sur la mise en marche de notre imaginaire dès que le bébé est capable d’imaginer sa mère absente, active ailleurs ; sur l’importance de donner sens et de communiquer à travers l’objet culturel ou une oeuvre tel que le livre de jeunesse, les albums surtout. En effet, que serait un monde sans représentations ? Celles-ci nous rassurent par rapport à l’abstraction de la langue. L’articulation texte-image nous permet de faire une distinction entre la langue et l’écrit, déclenche notre capacité d’imagination. Les personnages sont un prétexte à l’action et à la réflexion ; ils nous permettent de répéter ce qui est affreux ou mal sans mettre en danger notre intégrité ni celle des autres. L’oeuvre nous donne d’autres expériences à vivre. Pour C. BRUEL aussi le livre est un référent commun entre adulte et enfant ; il nous met en rapport avec le monde et même nous aide à résister à l’oppression mentale.

 

Ainsi, mon désir de travailler auprès des jeunes enfants, au milieu des livres, des images, des tableaux, et j’ajouterais des chansons et des comptines est-il encore plus profond : il s’inscrit dans une nécessité humaine et culturelle qui ne prend sens que dans une relation à l’autre imaginaire (avec un personnage) ou/et réel (avec le lecteur) où se mêle plaisir, confiance, chaleur, compréhension réciproque.

Ce projet doit donc répondre à des objectifs précis mais garder une grande souplesse dans sa mise en oeuvre. Ceci suppose tout à la fois savoir ce qui peut être proposé, ce dont le personnel est capable, écouter les demandes du public concerné.

 

IV) Expériences professionnelles

 

§ Structures Petite Enfance : Crèche collective, crèche familiale, halte-jeux

  • raconter des histoires (livres, marionnettes et diapositives),

  • chanter avec ou sans cassette (comptines, chansons),

  • décorations murales à thèmes ; ou à propos des livres lus avec les enfants,

  • visites à la bibliothèque,

  • accueil d’un lecteur à la crèche,

  • activités et découvertes autour d’images, de posters, de diapositives, de photos,

  • mise en scène d’histoires avec des assistantes maternelles et une collègue éducatrice.

  • choix et achat de livres, d’images, de diapositives...

  • création de séries diapo ou photos pour les activités mentionnées ci-dessus.

  • visites : salons du livre, librairies des éditions, expositions de peinture.

 

§ Participation au Forum de la Petite Enfance de Compiègne :

Conception et tenue du stand sur les jeux et jouets affectifs, avec une collègue éducatrice,

 

§ Formation :

Séminaire « Proposer des livres aux tout-petits » ; colloques sur le livre, les images, les médias ; conférence de Tana Hoban ; comité de lecture avec les bibliothécaires de Bordeaux.